L'étrange périple de l'Allemagne en Amérique
La tournée effectuée par l'Allemagneen Amérique laisse songeur plus d'un Allemand. Par son drôle de timing notamment...
Embarquée dans un périple américain, la sélection de de Joachim Löw et d’Oliver Bierhoff semble de plus en plus éloignée des préoccupations nationales. Comme si la césure, avec le grand public, était plus grande que prévue.
La victoire (4-2) contre l’Equateur, à Boca Raton, a fait taire les mécontents. Au moins sportivement. Il faut dire que la sélection emmenée par Reinaldo Rueda occupe, pour le moment, la seconde place des éliminatoires de la Coupe du monde de la zone d’Amérique du sud derrière l’Argentine. Et comme la Nationalmannschaft version B voire C a livré, notamment en première période, une prestation plus que correcte, le 29 mai, avec un but dès la septième seconde de jeu d’un Podolski en feu, les critiques se sont un peu apaisées.
American Vertigo
Quel(s) responsable(s) de la fédération allemande a (ont) pu coincer un tel déplacement aux Amériques au beau milieu des finales de la coupe aux grandes oreilles et celle de la DFB ? Sans oublier des joueurs ne rêvant que d’une chose : les vacances. Le Bundestrainer avait beau justifier que "tout était planifié depuis plus d’un an", il règne un sentiment de malaise à l’heure d’aborder le sujet. D’autant plus que la rencontre de ce soir, contre les Etats-Unis, est l’occasion de gentilles retrouvailles avec Jürgen Klinsmann, le coach en difficulté de la sélection américaine, mais surtout membre historique du triumvirat pour la Coupe du monde 2006 avec son assistant d’alors, Jogi Löw ainsi qu’Oliver Bierhoff.
Mais cette revue des troupes a au moins un avantage. Celui de montrer, à la population teutonne, la densité du football allemand. D’ailleurs, la fédération germanique ne s’y est pas trompée en communiquant sur ce thème lors de la présentation des heureux élus : aussi bien pour l’Euro des U21 que pour le groupe des A. "Nous pouvons nous féliciter d’avoir un noyau de 60 à 65 joueurs sélectionnables pour la Coupe du monde", entend-on ça et là en conférence de presse. Tout le monde se congratule et on se remémore qu’il fut souvent, par le passé, difficile de trouver quelques bougres pour compléter un groupe compétitif avant de disputer un tournoi européen ou mondial. Aujourd’hui, le sélectionneur allemand n’a pas besoin "de racler les fonds de tiroirs". C’est exact ! Mais a contrario le palmarès des anciens est, lui, bien garni. Comme si on se trompait de débat.
"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)
Cela est passé presqu’inaperçu dans les médias européens, mais a causé quelques remous dans le landernau germanique : le responsable du sportif à la fédération allemande, Robin Dutt, a donné sa démission, - laquelle a été acceptée non sans réprobation -, afin de retourner sur les terrains. En l’occurrence, pour prendre le poste d’entraîneur du Werder Brême. Seul petit problème, Dutt n’est resté qu’une seule petite année, permettant à son prédécesseur, un certain Matthias Sammer, de rallumer la polémique sur ce poste : "à l’avenir, cette fonction devra être beaucoup plus considérée, sinon il sera de plus en plus difficile de trouver de gentils idiots pour l’exercer". Et hop ! Une nouvelle flèche décochée par l’actuel directeur sportif du FC Bayern à l’encontre du duo Bierhoff-Löw. On n’omettra pas de rappeler que les relations entre les trois hommes n’ont jamais été cordiales et que la politique menée par Matthias Sammer, à l’époque, s’était heurtée à un veto de l’actuel Bundestrainer concernant la Nationalmannschaft et les U21, deux domaines réservés.
La passe d’armes a donc eu lieu et le secrétaire général de la DFB a dû, de Miami, prendre son téléphone afin d’exprimer tout son désaccord sur la sortie médiatique de l’ancien propriétaire des lieux : "je ne tiens pas ses propos pour une bonne chose. Et je me suis permis de le lui dire directement". A cela vient s’ajouter un Bierhoff, manager depuis 2004, qui a des envies d’aller voir ailleurs forçant Löw à sortir de sa réserve : "Oliver ne parle pas d’arrêter, cela a été mal interprété". Chacun comprendra cette phrase comme il l’entend.
BRD comme l’axe Bayern-Real-Dortmund ou Bundesrepublik Deutschland !
Quatre joueurs ont ainsi pu enfiler pour la première fois le maillot national. Citons-les avant de les oublier : Max Kruse du SC Freiburg, Sidney Sam et Philipp Wollscheid, tous les deux au Bayer Leverkusen et Nicolai Müller du FSV Mainz 05. C’est étrange ce décalage entre les aspirations de Löw, cherchant à justifier tous ses faits et gestes, repoussant systématiquement la pression, les polémiques, et le désir de la grande majorité. Alors que les clubs allemands disputent la finale de la Ligue des champions, il relativise ce résultat, estimant que les Espagnols étaient fatigués. Tandis que la presse domestique constate que son Nationalelf théorique est composé essentiellement de joueurs provenant du Bayern Munich, du Real Madrid et du Borussia Dortmund, trois clubs demi-finalistes de la C1, le Bundestrainer refuse tous les amalgames en séparant les résultats des Vereine de ceux de la Nationalmannschaft. Bizarre ! Surtout lorsque tous les sélectionneurs du monde souhaitent s’appuyer sur une ossature de clubs. Il se réfugie, de plus en plus, dans une communication tout terrain, "on ne peut plus gagner sans pratiquer un beau football".
On pourra retourner dans tous les sens ce voyage d’agrément, le justifier via tous les lobbyings possibles, ne me vient à l’esprit qu’un seul titre pour résumer cette épopée au pays de l’Oncle Jürgen : il était une fois en Amérique…
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